Le contexte : Le cancer, un poids financier important
Les cancers touchent une large part de la population
L'INCa estime à 400 000 le nombre de nouveaux cas de cancers en France en 2017 : 214 000 chez les hommes et 186 000 chez les femmes. Cela représente plus de 1 000 cas par jour. Cette incidence ne cesse d'augmenter en raison du vieillissement de la population française.
PRÈS DE 150 000 PERSONNES prennent un traitement innovant CONTRE LE CANCER chaque année EN FRANCE
Les traitements innovants anticancéreux ont coûté chers en France en 2016
Les dépenses en médicaments anticancéreux de la liste en sus, c'est à dire les médicaments supposés innovants, efficaces, mais chers, s'élève à 1,7 milliard d’euros en 2016, (+ 6,2 % par rapport à 2014). Ces dépenses d’anticancéreux représentent 50,8 % du coût total des molécules onéreuses remboursées sur cette liste en sus, toutes pathologies confondues dans le secteur public et 83,1 % dans le secteur privé commercial.
Source : Les cancers en France en 2016, l'essentiel des faits et chiffres
De plus en plus cher
coût d’une année de vie gagnée :
... extrêmement cher
Les prix : Médicaments innovants : des prix très excessifs
L’opacité de la fixation du prix des médicaments
Des prix négociés entre l’Etat et les labos
Selon des critères de fixation complexes et opaques
Il y a 5 critères officiels... et de nombreux critères officiaux
un prix déconnecté de l’inflation et du coût de production...
...qui ne reflète pas l’amélioration du service médical rendu
sur 750 médicaments évalués, seuls 36 apportent une amélioration du service médical rendu en France en 2016
...ni les investissements en recherche & développement
des prix excessifs permis par les brevets et monopoles
Les conséquences : Des prix qui menacent tous les systèmes de santé
dans les pays a revenus faibles et moyens
dans les pays les plus riches
En 2014 est arrivée en France une nouvelle génération de traitements contre l'hépatite C permettant la guérison dans plus de 90% des cas. Ces traitements sont arrivés sur le marché avec un prix particulièrement élevé, plus de 40 000 € par personne pour 3 mois de traitements. Or, ce sont entre 150 000 et 200 000 personnes qui vivent en France avec le virus de l'hépatite C. Face au prix de ces traitements, et considérant le nombre de personnes concernées, les autorités de santé ont donc été contraintes à définir des critères de santé pour permettre l'accès à ces traitements, et donc de non accès.
L'Avastin® est un médicament qui peut être utilisé contre différents cancers, et dont le prix est particulièrement élevé : entre 2 500 et 3 000 € par mois et par personne. En raison de ce prix, ce traitement ne peut être prescrit que dans le cadre de la "liste en sus", un mécanisme permettant aux hôpitaux de financer les traitements les plus chers. Cependant, dans le cas de l'Avastin® contre certains types de cancers, les autorités ont jugé qu'il n'était pas suffisamment efficace et avec trop d'effets indésirables par rapport à son prix. Pour ces indications, le traitement a donc été radié de la liste en sus, et ne peut donc plus être prescrit. D'autres traitements contre les cancers ont fait l'objet de radiations similaires. Hors de la liste en sus, l'accès à ces traitements contre le cancer n'est plus possible, ce que dénoncent plusieurs médecins et associations de patients.
Au Royaume-Uni, pour les médicaments dits innovants et souvent chers, le NICE (National Institute For Health and Care Excellence) évalue le prix d'une "année de vie gagnée ajustée par la qualité" (appelé QALY). Lorsque ce prix par personne dépasse un seuil entre 20 000 et 30 000 livres par an, le NICE émet un avis défavorable à l'intégration du traitement dans le système de santé courant, en conséquence de quoi l'accès au médicament pour les patients peut devenir complexe, voire impossible. Et de fait, de nombreuses difficultés sur l'accès aux nouveaux traitements contre les cancers sont constatées au Royaume-Uni.
Un nouvel effet indésirable du cancer est de plus en plus relayé et observé aux USA, celui de la "toxicité financière". Cet effet indésirable concerne les patients qui n’ont pas les moyens de prendre en charge leurs traitements non couverts par leur assurance. Et même dans les pays ou les traitements sont largement pris en charge par la société, les restes à charges peuvent conduire à des renoncements aux soins ou à un endettement du patient. Aux USA, les soins proposés sont parfois adaptés en fonction des ressources financières des patients.
Les risques : Faire baisser les prix, une urgence !
Les revendications et solutions : Depuis 2015, la Ligue contre le cancer se mobilise pour une baisse des prix et une réforme profonde du système de fixation des prix des médicaments, en France et dans le monde
Les 5 revendications de La Ligue contre le cancer sur le prix des traitements
Les médicaments ne sont pas et ne seront jamais des produits de consommation comme les autres, car l’accès n’est pas un choix mais une nécessité absolue. Or, l’augmentation continuelle des prix, notamment pour les traitements innovants contre le cancer, est une menace concrète sur l’accès aux meilleurs traitements pour toutes et tous. C’est pourquoi la Ligue contre le cancer se mobilise et demande une baisse des prix des traitements et une réforme profonde du système de fixation des prix en France et en Europe !
Le droit à la protection de la santé, à l’atteinte du meilleur état de santé possible, est un droit à valeur constitutionnelle qui doit être protégé et défendu. L’accès aux médicaments, aux meilleurs traitements par rapport à son état de santé et à sa maladie, est l’une des composantes de ce droit. Cela passe par des prescriptions justes, fondées sur des recommandations et un registre suivi par des instances indépendantes. Cela impose aussi que les considérations financières, liées aux prix des traitements, ne puissent être considérées dans le choix de la meilleure prescription.
Seul le prix public des médicaments est connu. Le prix réel, issu de la négociation entre l’Etat et les laboratoires pharmaceutiques pour diverses remises, est protégé par le secret des affaires. Or, alors que les prix des traitements influencent la vie publique et les décisions concernant le système de santé et l’accès aux soins, il est impératif de rendre transparents, publics et accessibles le prix réel et ses déterminants. La transparence du prix est un impératif démocratique.
La transparence s’impose sur les déterminants des prix autant que sur les conditions de négociations de ceux-ci, et donc les personnes participant à ces négociations. Il est indispensable de renforcer la transparence sur les liens d’intérêt entre les acteurs du monde de la santé, les associations et les actions de lobbying des laboratoires pharmaceutiques. Il est nécessaire, en particulier, de faire cesser l’intervention des laboratoires sur la formation initiale des médecins en voie d’acquérir une spécialité.
Alors que la loi de modernisation de notre système de santé de 2016 renforce la démocratie sanitaire par la présence d’usagers dans toutes les instances du système de santé, le Comité Economique des Produits de Santé, organisme interministériel qui négocie les prix des traitements avec les laboratoires pharmaceutiques, est la seule instance où les usagers ne sont pas représentés. Il est urgent de mettre fin à cet anachronisme, et de donner une place aux représentants des usagers du système de santé au CEPS et à la table de négociations.
La négociation des prix des traitements anticancéreux innovants au niveau européen se fait Etat par Etat. Ceux-ci veulent désormais unir leurs forces et coopérer pour lutter contre l’augmentation importante des prix des traitements. Cette volonté de coopération doit être encouragée et soutenue, pour aller, à terme, vers une négociation des prix unique à l’échelle de l’Union Européenne.